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L'art aux heures art osé
L'art aux heures art osé
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18 novembre 2008

herbac_es

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L
C'est un vieux muret... il en a vu d'autres!<br /> Des ans qui passent qui s'accoudent un peu contre son flan pour reprendre un peu de souffle après une course folle à bicyclette... Des été qui s'étreignent en s'abritant derrière lui des regards indiscrets... des jupes de bal qui froufroutent contre ses pierres, des baisers passionnés echangés, des promesses insensées chuchotées au son de l'accordéon... Des saisons qui galopent à coup de galoches, la semelle de bois cognant ses bords... des plans secrets inventés et des serments jurés, des billes de verre égarées en ses creux... Des petits matins sous la fumée blanche des brouillards, des pipis fumants de chien- chiens à sa mémère ,des truffes humides renifant à la va- vite la trace rassurante et orgueilleuse laissée au petit jour, à la va- vite parce que pépère rouspète et tire sur la laisse, vite, vite une petite goutte laissée en réponse...<br /> Oui, il en a vu d'autres. C'est un vieux muret, toujours debout malgré les années qui défilent . Bien sûr il s'effrite, se courbe par endroit mais il est toujours là... Le temps qui passe lui fait l'affront de déposer ça et là, sur ses vieilles pierres blanches de minuscules touffes de lichen comme autant de tâches de vieillesse qui recouvrent les mains usées des anciens, ceux- là qui viennent les après -midis de printemps pour pointer le cochon et tiquer les boules de l'autre, pour se plaindre de leur hanche et du genou qui dérouille. Lui, le muret se plaint aussi pas mal, comme tous les vieux de son âge, il regrette un peu le temps, où les filles venaient poser leurs fesses tendres sur son faîte... il constate sans rien n'y pouvoir faire, que sa carrure n'est plus celle d'autrefois, que son ossature fléchit et que ses pierres dégringolent une à une... il soupire... Alors, comme pour se souvenir du bon vieux temps, pour se remémorer les petits doigts boudinés des bébés qui s'accrochaient à lui en essayant de marcher , pour ne pas oublier les jeux où les enfants le gravissaient, l'enjambaient, l'escaladaient... il se prend à aimer ces petits tas de mousses douces, il les cultive comme on cultive son grand âge, il en prend soin comme des petites choses fragiles, il les laisse prendre racine en lui en repensant aux herbes sauvages de sa jeunesse...
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